108                         HISTOIR.E DE LA TAPISSERIE
bien difficile de voir dans ce tissu un ouvrage de haute lice; or la grande innovation du xiii0 siècle, ainsi qu'on l'a explique plus haut, consiste dans la substitution du métier vertical au mé­tier à pédales ou de basse lice.
Même incertitude pour tous ces produits de l'ancienne industrie allemande dont on fait grand étalage depuis quelque temps, dans le but de reculer outre mesure la date de la pratique de la tapis­serie dans l'Allemagne méridionale. Beaucoup d'écrivains parlent de ces monuments sans les avoir vus; ils auraient fait preuve de prudence en montrant une certaine réserve.
Constatons tout d'abord qu'aucune des tentures que nous allons énumérer ne porte de date. Vouloir fixer l'époque de l'exécution d'après le style du dessin serait s'exposer à de lourdes erreurs. Ce sont des points sur lesquels les juges les plus compétents s'ac­cordent rarement; on ne peut donc s'en rapporter à des opinions émises légèrement, après examen superficiel. Touchant la question d'origine, aucune preuve authentique non plus n'a pu être fournie. Les chansons de geste ou les textes littéraires ne font pas autorité en semblable matière.
Nous nous bornerons donc à énumérer les plus anciennes tapisse­ries allemandes, en faisant les plus expresses réserves sur l'âge, trop reculé selon nous, qui leur est attribué. On remarquera que tous les monuments existants ont été retrouvés dans les provinces de l'Allemagne méridionale, à Nuremberg ou dans les pays envi­ronnants. Il est bien fâcheux que les doctes érudits qui veulent étendre leur empire sur l'univers entier n'aient pas pris la peine jusqu'ici de compulser les vieilles archives germaniques, pour en tirer quelques lumières sur la question fort obscure qui les inté­resse au premier chef.
Nous avons résumé, dans le premier chapitre de cet ouvrage, ce qu'on sait sur les tapisseries du dôme de Halberstadt et de l'abbaye de Quecllimbourg, attribuées au xnc ou mêmeauxi0 siècle. Inutile de revenir sur ces questions obscures.
Vers 1360, l'empereur Charles IV installe à Prague des tapissiers persans qu'il avait fait venir de leur pays. On manque de détails sur les résultats de cette tentative. Les tapisseries antérieures au xivc siècle se borneraient donc aux pièces de Saint-Géréon, d'Al-berstadt et de Quedlimbourg.
Beaucoup de tentures qui représentent des scènes tirées de ro-